Bien que le terme de permaculture se soit largement démocratisé ces dernières années, il peut rester vague et vaste pour un débutant, certes moins au jardin que dans un concept humain auquel il peut être appliqué (et que nous n'aborderons pas ici), mais quelque soit le domaine d'application, il consiste à mettre en place des principes bienveillants et efficaces pour mener à bien un projet dans une vision pérenne. Etymologiquement parlant, le terme "permaculture" est une contraction d'origine anglaise des mots "permanent agriculture" qui désigne une certaine méthode de production naturelle reconstituant un écosystème à échelle humaine.
Une philosophie:
Concernant le jardin, qu'il soit d'agrément ou de nature potagère, il s'agit de comprendre que l'on ne doit pas lutter contre la nature pour mener à bien nos culture, mais que la diversité et la richesse de celle-ci sont fondamentales à l'épanouissement de nos chers plants. Il s'agit de réaliser que toute la vie microbienne présente dans le sol, les vers de terres, le mycelium, réseau mycorhizien, etc, sont non seulement nos alliés car ils "travaillent" pour nous, en enrichissant la terre et en favorisant de belles récoltes, mais ils sont et surtout indispensables à l'équilibre de la nature. Ce cheminement de reconstruction de notre terre et plus largement de retour au juste équilibre naturel, peut être très long et l'on peut traverser des périodes de découragement (invasion annuelle de ravageurs...), mais les points positifs sont, que d'une part votre terre ne va que s'améliorer d'année en année, et deuxièmement, si le travail peut paraitre conséquent au début, il sera allégé au fil du temps également.
Personnellement j'ai commencé mon potager sur un sol non travaillé, de type prairie, je ne l'ai jamais retourné, et je constate qu'en 3 ans, la terre s'est largement ameublie (grâce à la vie microbienne et pas au motoculteur^^), et devient d'année en année, un humus plus riche et plus fertile. Le seul outil que j'ai utilisé, lors de ma 2nde année, de manière ponctuelle, est une grelinette ou aéro-bêche, qui permet d'aérer la terre sans la retourner et donc qui ne dérange, ou du moins, le moins possible, la vie de la terre. Cet outil n'est pas indispensable, mais il se révèle vraiment efficace quant à l'amélioration de votre terre, et donc permet de vous faire gagner quelques années (moi j'ai vu une belle différence^^)
Par quoi je commence?
Après avoir (ou non^^) aéré votre terre, il s'agira de la nourrir, afin que la vie y prospère! Avec de bons apports ("amendement"), pas besoin d'acheter d'engrais! En apportant des matières organiques à votre terre, vous allez l'enrichir et celle-ci aura toutes les ressources nécessaire au bon développement de vos cultures, et ce à long terme. Un engrais n'a d'utilité que lorsqu'un plant ne trouve pas ce dont il a besoin en terre, et cet apport devra être renouvelé à chaque nouvelle plantation. Pour enrichir votre terre de manière instantanée, il faudra lui apporter des matières organiques azotées (ou matière vivante: herbe verte, déchets ménagers, fumier divers, compost jeune...), celles-ci vont être assimilées et décomposées rapidement. Les matières carbonées (ou matières plus mortes: feuilles mortes, paille, foin, cartons, copeaux de bois...) elles, vont nourrir également la vie du sol, mais vont mettre beaucoup plus de temps à être "digérées". L'idéal, selon ma petite expérience, et c'est la recette d'un bon compost, est un mélange des deux matières, en finissant par une couche de matière carbonée par dessus.
En effet, il faut comprendre qu'il faut couvrir son sol (et je n'ai pas mis le terme "toujours" devant car, en période de printemps, cette pratique est discutable pour que le sol se réchauffe plus vite). Personnellement, même au printemps je couvre mon sol pour préserver la vie qui se trouve dessous. Le "mulch" ou "paillage" est comme une couverture de protection pour la vie de votre sol, cela permet de limiter l'érosion, le développement des adventices ("mauvaises herbes"), fertiliser la terre tout au long de l'année, et nous qui nous trouvons dans le Sud, cela permet de préserver la fraîcheur et l'humidité de la terre. En effet, c'est avec bonheur que je suis passée d'une terre sèche, dure, craquelée en été, à une terre meuble, plus foncée beaucoup moins compacte, pour une même période donnée, et en arrosant beaucoup moins!
Si vous voulez commencer un jardin, sur un sol non travaillé, vous pouvez couvrir votre sol avec des amendements de tout ce que vous trouverez sur place (mélange de déchets ménagers à des feuilles mortes, ou tonte d'herbes vertes à de la paille...). Il peut y avoir trop de matière azotées (et dans ce cas, la moisissure va s'y développer) mais il ne peut y avoir trop de matières carbonées (au pire, cela va prendre quelques années à se décomposer, mais ce n'est pas grave^^) donc mettre au minimum la moitié de l'apport en matière carbonée! Laissez votre amendement se décomposer toute une saison, pour après y planter, par exemple, un engrais vert (luzerne, sarrasin, phacélie...) qui va, là encore, décompacter et aérer le sol, pour finir comme paillage pour vos culture (souvent, il faut coucher les engrais verts juste avant que celui-ci ne fasse ses fleurs). Ainsi votre sol sera bien préparé pour accueillir votre 1ère culture. Sans d'énormes efforts, et surtout sans avoir chamboulé la vie du sol!
Sans préparation: Les buttes.
Si vous ne voulez pas prendre le temps de préparer votre terre au moins une saison avant vos 1ère plantations, ou si vous disposez d'un espace limité, il y a encore une solution! Les buttes.
-La butte en lasagne (avec ou sans coffrage), selon la méthode de Damien Dekarz, consiste en l'accumulation de matière organique de telle façon: 1 couche de matière carbonée sur 30cm sur sol, par dessus mettre une couche de 10cm de matière azotée, puis re-couche de matière carbonée sur 10cm cette fois, puis re-couche de matière azotée sur 10 cm toujours, pour finir avec une couche de terre végétale avec compost, ou pas (on fait avec ce que l'on a!) et une couche de mulch (matière carbonée). Vous pouvez planter vos culture directement dedans, simplement ne pas charger en eau les premières semaines car la butte va monter en température et cela pourrait être fatal à vos plants. Cette méthode m'a complétement convaincue tant par sa simplicité de réalisation que par son efficacité!
La butte en lasagne a pour grand avantage d'être mise en place sur n'importe quel support, même du goudron, ce qui la rend très utile pour la culture en hors sol, avec un coffrage (une banquette en bois, par exemple). Très pratique si vous disposez d'une terrasse avec une belle surface en ville!
- J'ai également testé la création de butte autofertile, selon la méthode de Philip Forer avec son "Jardin du Graal", qui consiste à creuser une tranchée pour y déposer des troncs d'arbres et des branchages de bois morts, en comblant au maximum les interstices. Accumuler différentes couches de matières organique azotée et carbonée en tassant bien, recouvrir de terre, puis de nouveau couche de matière azotée et carbonée. Cette méthode présente de nombreuses similitudes avec celle des buttes en lasagne, si ce n'est qu'elle est plus haute, et qu'elle demande au préalable, un gros travail d'apport de matière carbonée dessous pour nourrir la vie du sol, mais cela pour une bonne quinzaine d'année à venir! Cependant, de part mon expérience personnelle, je pense que les buttes autofertiles sont plus adaptées aux climats humides qu'au sud de la France. Etant donné leur hauteur significative, la sécheresse de l'été les rend trop gourmandes en eau...Celle-ci s'est retrouvée plus efficace une fois rabaissée.
Voilà quelques conseils pour bien commencer votre potager en permaculture! Bientôt de nouveaux conseils arrivent pour vos semis et plantations... Bonne chance et racontez-nous vos expériences potagères! Nous sommes en mai, la plus grosse saison du jardin commence!
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