C'est la première image que vous avez de notre marque, la perception immédiate, avant même d'avoir pu sentir ou toucher le savon. Il vous raconte tout de nous, en un coup d’œil : Nos aspiration, nos inspirations ; Ce que nous sommes, d'où nous venons ; Ce que nous avons choisi d'incarner. Il vous fait parfois tomber en coup de foudre, fait en sorte que vous vouliez découvrir ce qui se cache à l'intérieur. Bien sûr, je veux vous parler de nos packagings. J'ai reçu un nombre incroyable de compliments sur l'habillage de nos produits, depuis la création de la marque. Beaucoup d'entre vous me demandent souvent d'où ils viennent, qui les a conçus et comment. C'est d'autant une grande fierté pour moi, car La Manufacture du Siècle est mon oeuvre, et j'ai voulu lui imprimer ma personnalité, ma vibration, et lui conférer un caractère unique. Ma créativité s'est exprimée au travers de toute notre identité visuelle, et en particulier nos packagings, qui est vraiment un condensé de tout ce à quoi j'aspire. Mon but, au moment de créer ma marque, était d'arriver à concilier toutes mes valeurs dans mon produit. Mon objectif était de créer un objet authentique et utile, mais beau et inspirant. Faire se retrouver la tradition de l'artisanat et la sophistication et l'élégance de la Belle Époque. Dans le monde du jetable et du sans-lendemain, je voulais retrouver les sensations du précieux et du durable, celles que nous avons toutes éprouvé en retrouvant le poudrier argenté de notre grand-mère. J'ai la chance d'appartenir à cette génération qui peut encore avoir ce genre de souvenir, j'aimerais faire perdurer cette façon de voir les choses.
Les packagings sont si importants pour moi, qu'ils précèdent souvent à la conception même du savon. C'est à dire que je pars très souvent d'une vision abstraite inspirée d'un motif architectural, d'un imprimé, d'une peinture, d'un bijou, qui se retrouve dans la conception du packaging. Ensuite viennent les composants : Les parfums, la texture souhaitée, un ingrédient phare, la couleur, aussi.
Je trouve mon inspiration essentiellement dans les courants d'Art du début du XXème siècle : l'architecture, le design de l'Art Déco me touchent beaucoup. Sa géométrie (celle que je retrouve dans la boîte du savon) très équilibrée et ses angles me fascinent, il s'en dégage une sorte de puissance, une exigence qui me rassurent. C'est un style assez viril en fait, que j'assimile d'ailleurs toujours à l'odeur de la cigarette ! L'Art Nouveau est vraiment une antithèse, avec ses courbes et son foisonnement floral, mais son côté suranné me fait toujours rêver. J'y retrouve une quintessence de la féminité et du fantastique, un monde de sirènes. Le patchouli et l'iris. J'ai pu voir les authentiques fresques de Mucha, lorsque je vivais à Prague, en 2011, c'était surréaliste. D'une certaine façon, je suis aussi très conditionnée par la mode des années 80. Ces contrastes de couleurs vives, corail, turquoise, jaune, avec du noir. Les épaulettes et les tailles cintrées des femmes très maquillées, l'or jaune et les perles en grappes.
En général, l'idée est assez bien structurée dans ma tête lorsque je dessine le premier croquis. J'ai un petit cahier bourré de feuilles volantes gribouillées, que je suis probablement la seule à comprendre. Je recommence plusieurs fois, de manière à le rendre le plus en plus lisibles. Je monte un petit dossier, avec des gros plans sur les détails, un feuillet avec la bonne nuance de couleur, l'imprimé précis, une indication sur la typographie du nom, et en donnant quelques explications pour ficeler le tout. Ce dossier, je l'envoie à la graphiste. C'est elle qui traduit mes croquis en « matière numérique », celle dont a besoin notre imprimeur.
Jusqu'au dernier moment, lorsque les première épreuves sortent de la machine, il faut veiller à ce que les nuances de couleurs restent fidèles à mon idée de base. Le technicien ajuste les couleurs primaires, qui permettent de nuancer les tons : Un jaune avec un peu de reflet bleu en plus pour Jardin sur la Sorgue, un vert empire avec une touche de jaune pour éclaircir Vénus Impériale. Ma signature sur le bon à tirer est le point final de la création, et le feu vert pour l'imprimeur. Quelques jours après, nous serons en train de monter patiemment des centaines de boîtes avec nos petites mains. Elles se feront enfin l'écrin de nos précieux savons, et iront orner votre salle de bain. Car souvent, on me dit que les boîtes sont trop belles, et qu'on ose pas les jeter... Et ça, je l'avoue, c'est génial à entendre.
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